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jun

2010

14 - 20 juin

Finances locales au conseil municipal, statut du député et appels à un alignement sur les règles communes, débat européen, rencontres en circonscription, célébration de l'appel à la résistance, écoles en Fête... Semaine éclectique pour François de Rugy, qui n'échappe pas, comme tous, aux échos de la pantalonnade footbalistique du moment.

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Orvault - conseil municipal

LUNDI 14 JUIN

 

Au déjeuner, un de ces plaisirs qu'offre la vie d'un député : une rencontre sympathique et conviviale avec les membres d'une association de l'économie sociale et solidaire qui a élu domicile à quelques mètres de ma permanence. Echanges gratuits - de services, de conseils - distribution de paniers d'agriculture biologique - dont une partie à tarif social -, mais surtout lien humain entre 200 adhérents du quartier : la "machine" est huilée. Elle repose sur des bénévoles impliqués et dynamiques : entre les retraités, les étudiants, les salariés qui dégagent de leur temps libre pour animer les permanences et les ateliers, c'est l'équivalent de trois temps pleins qui sont assurés par les adhérents de la structure pour faire tourner un projet qui échappe à la comptabilité économique classique. Le repas est assez éclectique puisqu'il est "hors panier" : chacun apporte sa production à laquelle s'ajoutent des fromages ou des desserts sauvés de la poubelle au MIN (eh oui!). A la qualité des échanges avec les participants vient utilement se marier celle de la gastronomie.


***


Après une journée de travail à la permanence sur les dossiers parlementaires et les courriers individuels, je rejoins la communauté urbaine pour une réunion de la commission transports et déplacements, puis la mairie d'Orvault pour un conseil municipal dont le plat de résistance est l'examen des comptes administratifs de la ville. Derrière les colonnes de chiffres, c'est la vie quotidienne des habitants qui se cache : l'occasion pour la majorité municipale de défendre son action, et pour l'opposition de mettre en lumière le décalage entre les discours et les promesses électorales et la réalité vécue sur le terrain.


Je décide de « soulever un lièvre » en soulignant un aspect de la gestion municipale passée sous silence par le maire : l'augmentation du budget de fonctionnement (+5% soit plus de quatre fois l'inflation en 2009!). "Augmentation technique liée au glissement vieillesse-technicité qui caractérise l'évolution salariale de la fonction publique territoriale", me rétorque le maire, qui fait sien un poncif de tout gestionnaire local.


Le maire comme à son habitude ne me laissera pas répondre à ses arguments. Et pourtant, il y aurait à redire. Ce fameux « glissement vieillesse-technicité » (en gros l'augmentation de salaire à l'ancienneté) ne représente qu'une augmentation moyenne de 1,5% par an, hors négociation salariale. Et encore à effectif constant : or, il y a naturellement chaque année des départs à la retraite (agents au maximum de l'avancement à l'ancienneté) et des embauches d'agents à faible ancienneté... L'utilisation de cet argument n'est donc pas convaincant et révèle au mieux un manque d'anticipation. Pour quelqu'un qui est maire depuis 9 ans, c'est un peu inquiétant. Même inquiétude sur l'absence d'anticipation ou la dissimulation faite aux Orvaltais quant à ce qu'il appelle la résorption de l'auxilariat (en fait la titularisation légitime d'agents laissés longtemps en situation précaire). Cela aurait dû être engagé depuis longtemps pour éviter un effet trop brutal dans le budget communal.


Ce manque d'anticipation et de prévoyance devient un vrai problème financier et politique : à un tel rythme, cela représente, sur un mandat de six ans, une croissance de plus d'un tiers de ces dépenses de fonctionnement! Quels budgets risquent de pâtir de ce mouvement, sinon les investissements, ou les services aux habitants rendus indispensables par les évolutions sociologiques - grand âge, accompagnement des populations les plus fragiles, etc...


Ces débats engagent l'avenir de nos collectivités : dommage que l'on ne prenne pas le temps de les mener sereinement et qu'ils soient vite réduits à des polémiques ou des petites phrases. Celles-ci ne sont pas l'apanage de l'Assemblée nationale !

MARDI 15 JUIN


J'ai pris l'initiative, avec mes collègues Verts, de demander une remise à plat totale du système de retraite des parlementaires, et singulièrement des députés : nous nous prononçons pour l'alignement sur le régime de retraite des députés sur le droit commun des salariés. Nous avons adressé une lettre en ce sens à Bernard Accoyer, le président de l'Assemblée.


Ce courrier, nous aurions aimé le voir signer par des députés de toutes tendances : j'avais d'ailleurs pris des contacts avec un certain nombre de collègues d'autres groupes, de l'opposition comme de la majorité, dont je sais - pour en avoir discuté avec eux - qu'ils partagent notre point de vue. Par conviction, comme par expérience : qui pourrait prendre plaisir à se faire reprocher, dans ses contacts sur sa circonscription, un statut dont ils n'est pas responsable, et qui, au fond,  le choque ? Autant dire que cette série de contacts directs n'a pas produit les effets escomptés : entre ceux et celles qui "signeraient bien, mais ne veulent pas mettre en porte-à-faux certains responsables de leurs partis", ceux qui sont soudain aux abonnés absents, ou ceux qui "soutiennent, et le diront dans leurs groupes, mais ne veulent pas s'afficher", les rangs des signataires potentiels se font soudain clairsemés...


J'apprends par la presse que Bernard Accoyer annonce la création d'un groupe de travail : tant mieux mais dommage qu'il ait attendu que la pression monte pour agir.


Je crois au contraire que nous devrions prendre de nous-mêmes l'initiative d'une évolution du statut de député. Sinon, nous sommes constamment acculés face à l'offensive de certains, qui cherchent en fait à discréditer encore et toujours les élus par populisme et anti-parlementarisme. Je crois que nous les députés, nous serions plus crédibles pour expliquer qu'il est normal que l'on donne aux parlementaires les moyens de leur indépendance si nous étions transparents et que nous ne cherchions pas à maintenir des statuts par trop particuliers au regard du régime général des salariés. Le comble est que nous en venions à être assimilés aux profiteurs du système que sont les ministres qui cumulent leurs indemnités (de 11 000 à 20 000 euros par mois) avec une retraite de député ou une indemnité d'élu local! Sans compter ceux qui voudraient assimiler les députés au scandaleux système des « retraites-chapeaux »! Système qui soit dit en passant n'a toujours pas été supprimé pour des patrons qui gagnent souvent plusieurs millions d'euros par an!


Quand je vois l'indécence qui a gagné le pouvoir à tous les étages, je me dis que l'éthique, loin d'être une vieillerie dépassée est une idée d'une grande jeunesse : c'est sans doute d'ailleurs cette aspiration qui porte le phénomène Eva Joly qui se développe, et c'est tant mieux.


Au programme de la journée, examen d'une proposition de loi UMP sur l'urbanisme commercial - qui continue malheureusement de faire la part belle à la grande distribution et qui veut donner la main sur ce sujet aux élus locaux.


Lors des débats, je rappelle notamment que la loi de modernisation de l’économie, est un échec. Voulue par Nicolas Sarkozy, inspirée par le rapport Attali, elle visait clairement à déréguler l'agrandissement et la création des supermarchés. Elle n'a pas manqué d'aggraver les déséquilibres déjà très forts entre la grande distribution plus que jamais dominante et le petit ou moyen commerce qui perd du terrain du fait d'une concurrence de plus en plus déloyale.


Lorsque j'ai plaidé pour qu'une nouvelle régulation, rapidement mise en oeuvre et fondée sur une intégration pleine et entière dans les politiques locales d'urbanisme, en lien avec les politiques des déplacements notamment, le rapporteur UMP m'a répliqué : "La construction des cathédrales a parfois demandé plusieurs siècles !". Autrement dit, la régulation n'est pas pour demain et une vision cohérente de l'urbanisme commercial à l'échelle intercommunale non plus. Avec le Grenelle de l'environnement et la réforme territoriale, cela fait beaucoup d'occasions manquées et de temps perdu.

Débat européen

MERCREDI 16 JUIN


Au bureau de l'Assemblée dont je fais partie, nous parlons de différents aspects de la « gestion » de l'Assemblée et il faut attendre un certain temps pour que nous en arrivions au sujet dont tout le monde parle : le système de retraite des députés. La décision de constituer un groupe de travail est prise. Il sera présidé par Bernard Accoyer et composé pour moitié de députés de la majorité et pour l'autre moitié de députés de l'opposition. Un pas dans la bonne direction, mais il convient de rester vigilants : la composition du groupe, qui sera déterminée la semaine prochaine, en dira plus sur les perspectives que cela peut ouvrir.

 

L'après-midi est consacrée au débat qui précède désormais tout conseil européen, qui réunit les chefs d'Etat et de gouvernement des 27 pays de l'Union européenne. A la veille de cette réunion, l'Assemblée échange sur les points à l'ordre du jour, et chaque groupe exprime son point de vue. L'exercice qui part d'une bonne intention (introduire les débats européens dans le débat politique français), il me paraît aujourd'hui vidé de son sens - il n'y a même pas de déclaration écrite du gouvernement sur laquelle nous pourrions voter, encore moins de résolution proposée par la commission concernée de l'Assemblée. C'est néanmoins l'occasion de présenter notre vision et nos propositions pour l'Union européenne.

 

Cela commence par une intervention de Bernard Kouchner d'une vacuité qui frappe l'ensemble de l'hémicycle. Le Premier Ministre qui avait lui-même présenté la position du gouvernement lors des débats similaires est aujourd'hui absent. C'est ensuite au tour d'Elisabeth Guigou, qui s'exprime au nom du PS et présente des positions que nous partageons pour une grande part. Jean-François Copé s'exprime au nom de l'UMP. Sur le fond, je suis en désaccord mais sur la forme j'avoue qu'il s'est montré plus entraînant que Bernard Kouchner.

 

Quand mon tour vient, je dois subir le brouhaha engendré par le départ en masse des députés UMP, qui ne jugent pas utile de rester une fois que leur chef a parlé. J'ai préparé, une intervention sur la base d'un premier jet de Noël Mamère (qui devait initialement s'exprimer en notre nom) et en intégrant des éléments d'une discussion que j'ai eue récemment avec Daniel Cohn-Bendit. Il est comme moi effaré par la façon dont les chefs d'Etat et de gouvernement européens, Sarkozy et Merkel en tête, affaiblissent l'Europe par leurs cavaliers seuls successifs.

 

J'appelle les autorités françaises à refuser d'entériner le plan stratégique -  totalement décalé compte tenu de la crise actuelle, et emprunt d'une vision dépassée - que va proposer José-Manuel Barroso. Pas un mot sur la conversion écologique de l'économie, un freinage systématique de toutes les initiatives visant à contrôler les dérives des institutions financières, une croyance quasi-religieuse dans les effets du libre-échange : cette commission européenne reconduite par Sarkozy après les élections européennes n'est vraiment pas à la hauteur de la situation. Et ne parlons pas de Van Rompuy et Ashton qui sont aux abonnés absents. S'ils ont été choisis pour leur faiblesse politique , le casting était le bon ! Je formule les propositions des écologistes pour relancer la « machine européenne ».

 

Mes propos me valent le soutien de nombreux collègues de gauche, comme Jack Lang : ils me le disent en passant devant moi : ma place dans l'hémicyle est sur le chemin de la sortie!. En revanche, mon assistant me racontera après avoir vu Elisabeth Guigou faire le geste de balayer d'un revers de la main mon interpellation sur la régulation du commerce mondial pour lutter contre les délocalisations (elle avait pour sa part identifié le protectionnisme comme une menace sur l'Europe...). Il y aura peut-être matière à débat pour préparer l'alternance de 2012 sur ce sujet car je suis de plus en plus convaincu le dumping social (et environnemental) d'un pays comme la Chine est une concurrence déloyale et mortelle pour notre industrie. Mon récent voyage à Shanghai ne m'a pas fait changer d'avis sur ce point...

JEUDI 17 JUIN

 

Fin de semaine "classique", entre rendez-vous avec des associations locales - dont un groupe de retraités Orvaltais qui consacrent de leur temps à retaper toutes sortes d'outils (des tracteurs aux ordinateurs) dans une démarche de coopération internationale. Cette association envisage de réorienter pour une part son activité pour accentuer sa démarche d'économie sociale et solidaire. Ils proposeraient même de réparer des vieilles machines (ce que plus aucun artisan ne peut faire) pour collecter des fonds pour ensuite faire de la formation en Afrique : cela tombe bien, j'ai justement une tondeuse antique laissée dans mon garage par les anciens propriétaires de ma maison et que je voudrais remettre en route! Sans compter un vélo dont la fourche est tordue et que je me résous pas à mettre à la ferraille : c'est celui avec lequel mon père et ma mère ont commencé à me transporter quand j'étais petit... Pas sûr que ma compagne soit enchantée à l'idée que ma passion des vieux objets (je pourrais vous parler de ma mobylette des années 60) trouve là une nouvelle façon de s'exprimer !

***

Je reçois ensuite un Orvaltais qui vient me parler des ravages de l'alcoolisme du samedi soir chez les jeunes – sans transition comme on dit à la télé... J'ai déjà rencontré souvent Daniel Bercheux de par ses activités professionnelles. Mais là, son initiative part d'une histoire qui l'a touchée personnellement. Son fils d'une vingtaine d'années, qui a l'habitude de sortir avec ses copains le vendredi et le samedi soir, a failli perdre la vie dans un accident de voiture. Ils étaient six dans une voiture (une petite Ford Fiesta de 15 ans d'âge et à l'entretien défaillant) conduite par un jeune dépassant le taux d'alcoolémie autorisé. Deux des passagers ont trouvé la mort lorsque la voiture est sortie de route à six heures du matin sur une paisible route de campagne entre une des grandes boîtes de nuit de la périphérie nantaise (inaccessible autrement qu'en voiture) et l'entrée du bourg d'Orvault. Ce dimanche matin-là le fils de Daniel Bercheux l'avait appelé pour qu'il vienne le chercher et il s'était immédiatement mis en route, croisant les pompiers sans savoir qu'ils allaient secourir son fils qui avait finalement décidé de rentrer avec  ses  amis...

 

Décidé à agir, en fédérant des parents et en interpellant les autorités – y compris les gérants de boîtes de nuit – Daniel Bercheux ne veut pas faire du pathos (même si le choc est bien là). Il veut passer en revue avec moi tous les moyens que l'on pourrait mettre en oeuvre pour éviter ces drames. Nous convenons qu'il ne s'agit pas d'interdire les jeunes (et les autres) de faire la fête (cf mon appréciation sur les « apéros Facebook ») ni même de tomber dans une forme de prohibition de l'alcool. Nous imaginons toutes les façons de responsabiliser les uns et les autres : des alcoo-tests à l'entrée et surtout à la sortie des boîtes de nuit ? Des salles de « dégrisement » ou les clients pourraient se reposer avant de reprendre la route ? Des services de minibus organisés par les boîtes de nuit non-desservis par les transports en commun ? (des bars de Nantes m'avaient présenté une telle initiative mise en place à l'occasion d'une « festival » de cafés-concerts)

 

Cette discussion qui part d'un cas personnel (j'en ai malheureusement d'autres en têtes, y compris liés à la drogue) me conforte dans l'idée que ces contacts – les « permanences » comme on dit dans notre jargon de député – font partie intégrante de notre job. Cela débouchera peut-être sur une question au gouvernement (évoquer la sécurité routière à l'approche des grandes vacances est toujours utile) voire sur des propositions législatives ou réglementaires après un travail plus approfondi avec des associations. En attendant, pour prendre au mot le gérant de la boîte de nuit concerné qui prétend avoir déjà de nombreuses actions de prévention, nous envisageons d'aller voir sur place un samedi soir. Si on m'avait dit qu'être élu député me ferait retourner en boîte...

Une statue nantaise pour le général

VENDREDI 18 - SAMEDI 19 JUIN


Ce jour a été choisi par la ville de Nantes pour inaugurer une statue du Général De Gaulle. Logique. Même si je suis évidemment trop jeune pour savoir si j'aurais été gaulliste ou anti-gaulliste (comme mes parents l'ont été en 1958!), je tenais à être présent – je sors même mon écharpe tricolore pour l'occasion – car je dois dire que j'ai toujours été marqué par l'appel du 18 juin. D'abord parce que mes grand-parents, lorsqu'ils étaient encore en vie et que j'étais adolescent m'ont souvent raconté "leur" guerre. Et quand j'entends une jeune lycéenne relire avant cette inauguration l'appel à la résistance du général de Gaulle, je ne peux m'empêcher de penser à ce grand-père pilote de l'armée de l'air, mort dans le crash de son avion en 1942 quelque part dans le désert algérien. Je repense aussi aux récits de mes grand-parents maternels, déportés pendant plus de deux ans avec leur petite fille – ma mère – dans un camp de travail après avoir été dénoncés par un habitant de leur village lorrain occupé. Evidemment, nul ne peut dire a posteriori ce qu'il aurait fait en pareilles circonstances. Goldman a d'ailleurs écrit une chanson magnifique et tellement juste sur le sujet. Mais 70 ans après, et alors que rien ne me séduit dans le personnage post-58 du Général-Président de la Vème République, cet appel à la résistance me bouleverse. Savoir se tenir debout et défendre ses convictions, même quand la cause semble perdue et que l'on est sans doute minoritaire, cela reste une leçon politique universelle.

 

J'enchaîne ensuite sur une permanence (encore une) où des habitants de ma circonscription viennent me parler de stationnement. Encore une fois, sans transition!

 

Pour finir ma journée et ma semaine, j'enchaîne le vendredi soir et le samedi matin quatre fêtes d'écoles ! Ma fille m'aura même accompagné dans deux d'entre elles ce qui lui aura valu un superbe maquillage de princesse : un coeur rose en plein milieu d'un front qui se met à scintiller sous l'effet des paillettes. Elle n'en espérait pas tant lorsqu'elle était partie en traînant les pieds! Les parents d'élèves maquilleurs d'un jour sont très doués et ne se doutent pas à quel point ils contribuent à la paix des familles ! Pour ma part, ce sont plutôt les gâteaux confectionnés aussi par des parents auxquels je ne peux résister... Les déplacements en Vélib' à Paris permettent d'équilibrer!

 

J'aime à retrouver les enseignants (je suis fils et petit-fils d'enseignants!) et parents d'élèves (je le suis moi-même), dans les écoles de ma circonscription. Certaines fleurent bon l'image d'Epinal de l'école IIIème République. D'autres sont des bâtiments typiques de l'expansion urbaine – si difficile à rénover – des années 60. D'autres enfin témoignent de la dernière vague d'architecture scolaire plus chaleureuse et souvent colorée.

 

Je dois avouer - sans doute aussi par timidité naturelle, mais je pense que c'est le cas de pas mal de mes collègues - ressentir parfois une gêne lors de telles manifestations. Ne pas s'y rendre, quand on est élu, c'est à la fois prendre le risque de louper des occasions d'échanges informels utiles pour percevoir ce qui se passe sur le terrain, et de se voir reprocher d'être absent (le fameux "on ne le voit jamais", qui fait écho à  "l'hémicycle est toujours vide" - comme si les députés pouvaient être partout à la fois). Et, en même temps, je ressens parfois le sentiment de violer, lors de ces fêtes qui associent enseignants et parents autour des enfants, une intimité quasi-familiale. Heureusement, partout, l'accueil et sympathique, et en une période où l'école tient trop souvent lieu de variable d'ajustement budgétaire et de sujet de débats assez démagogiques, la présence du député est généralement appréciée. C'est plus souvent qu'on ne le croit l'occasion de discussions très politiques (politiques ne signifient pas forcément  polémiques!) : ici sur la carte scolaire et les stratégies de fuite y compris vis à vis d'un collège pourtant entièrement refait à neuf, là sur la nécessité du soutien scolaire que ressentent des parents parfois désemparés face aux difficultés à apprendre de leurs enfants. Tout cela nourrira de futures interventions à l'Assemblée !

Pantalonnade en shorts

DIMANCHE 20 JUIN


Dans la tiédeur d'un dimanche enfin estival, les déconvenues de l'équipe de France de foot occupent l'actualité. Sur les listes de discussion du net, ou les réseaux sociaux, les commentateurs amateurs se déchaînent, et certains propos humoristiques ou caustiques sont franchement drôles. Il faut avouer que les images du "mouvement social" des 21 millionnaires en baskets -ils ont refusé de chausser les crampons - ont de quoi provoquer l'ironie.  


Au-delà de l'épisode du jour, je me dis que si le pouvoir avait parié - c'est à la mode, les paris sportifs !- sur une épopée enthousiasmante des Bleus pour recréer confiance et optimisme dans la population, il en est pour ses frais.

 

Mais s'il escomptait du Mondial un ballon d'oxygène qui lui permettrait d'occulter médiatiquement les mauvais coups en préparation - sociaux ou fiscaux - et de passer rapidement sur la révélation des turpitudes ou des zones d'ombre qui entourent son rapport à l'argent et aux puissants - je reviendrai sans doute plus tard sur l'affaire Woerth-Bettencourt - ma foi, cette pantalonnade footballistique pourrait bien être utile à la majorité.

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Commentaires: 1

  • #1

    Lebreton (vendredi, 25 juin 2010 19:08)

    Bonjour,
    Votre demande sur la remise à plat des pensions des anciens députés mérite un commentaire : « Bravo ! ». Bravo d'avoir le courage de vos opinions. Car sans ce courage et cette quête d’exemplarité, les députés ne pourront pas recouvrer une pleine crédibilité. Je ne peux donc que vous encourager à poursuivre, avec cette envie d’aller de l’avant, oubliant même par nécessité et pragmatisme les frontières des partis politiques.

    Quand vous déplorer le mutisme de certains de vos collègues, je peux ne dire que : « bien navrant ! ». Sachez que je partage votre désarroi : j’ai envoyé, à ce sujet, une lettre ouverte à une cinquante de députés… sans réponse ; j'ai personnellement adressé à M. Accoyer une demande portant sur l’alignement des régimes de retraite des parlementaires sur le régime général… sans réponse (et ce malgré quatre courriers s’appuyant sur le règlement de l’Assemblée nationale, voté par les élus eux-mêmes).

    Mais pourquoi ne pas aller jusqu’au bout de votre idée. Les élus se devant d’être exemplaires et d’agir en toute transparence, je me permets de vous suggérer d’élargir votre démarche en demandant d’ouvrir un véritable débat sur la loi de 1955 qui octroie une dotation (env. 5000€) mensuelle aux anciens Présidents de la République, alors qu’ils perçoivent déjà, en tant que membre de droit du Conseil Constitutionnel, une rémunération substantielle (env. 13000€/mois).

    Cordialement.

    M. Lebreton
    Président de l’Association pour une démocratie directe

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