mer

14

sep

2011

Un député en congé paternité : et pourquoi pas ?

Est-il facile de concilier activité parlementaire et vie familiale ? De nouveau père, François de Rugy a décidé de prendre un "congé paternité" de onze jours, à l'instar de tous les citoyens, afin de se concentrer à sa famille. Il s'en explique pour le blog de Libération.

>> lire son texte

" Créé sous le gouvernement Jospin par la ministre déléguée à la Famille d'alors, une certaine Ségolène Royal, le congé paternité permet à tous les nouveaux pères de consacrer onze jours pleins à l'arrivée de leur nouveau-né. Une réelle avancée sociale pour les familles, tant une naissance bouleverse la vie quotidienne, et nécessite, autant que de possible, la présence des deux parents.
Une timide avancée, mais une avancée tout de même dans le sens de l'égalité femmes-hommes puisqu'il n'y a aucune raison de penser que la période qui suit une naissance ne doit impliquer que la mère.
En la matière, la France figurerait d'ailleurs plutôt dans le wagon de queue que dans le peloton de tête des pays européens : les pays nordiques ont compris depuis longtemps l'importance de cette disponibilité des deux parents.
Ainsi, lors des dernières journées d'été d'Europe Ecologie-les Verts, à Clermont, Eva Joly avait invité un jeune ministre norvégien pour s'exprimer avant son discours de candidate : nous avons appris à cette occasion qu'il était en congé paternité de 16 semaines ! Un congé parental de plusieurs mois pour un ministre ou un député, c'est tout simplement inconcevable aujourd'hui en France, et c'est bien dommage. On se souvient de Rachida Dati qui s'était empressée de reprendre ses activités de ministre quelques jours seulement après son accouchement.
Pour les parlementaires, rien ne permet une mise en disponibilité, "à la norvégienne", les suppléants des députés ne pouvant "remplacer" le titulaire que dans trois cas : une nomination ministérielle, une mission confiée par le gouvernement, ou ...le décès du député ! Si l'on veut permettre à toutes et à tous d'exercer des fonctions d'élu-e-s et mettre les êlu-e-s sur un pied d'égalité avec l'ensemble des citoyen-ne-s,il est temps de revoir aussi cet aspect du statut de l'élu-e. Les discours sur la démocratisation de notre République et ou la parité sonneront longtemps creux si l'on ne change pas aussi cela. Car la question, que certains trouveront peut-être encore anecdotique dans le cas d'un député - pour ma part, je maintiens qu'elle est au moins symboliquement importante - devient évidente lorsque l'on songe aux femmes parlementaires. S'il y en a si peu, c'est sans doute en partie parce que notre système est plus naturellement adapté aux grand-pères qu'aux jeunes mères !
Je me souviens ainsi que pour le recrutement d'un collaborateur de groupe en 2007, une députée avait osé rejeter une candidate au motif qu'elle ne pourrait pas assurer une présence aux séances de nuit du fait d'une enfant en bas âge! Que dire alors pour un-e député-e !
Pas de congé parental à la norvégienne, donc, pour les députés, mais qu'en est-il du congé paternité de 11 jours ? Si je pose la question, c'est que, de nouveau papa depuis samedi, j'ai dû décider si je me rendrai ou non à Paris pour participer à la réunion de la commission des Finances sans compter des réunions organisées par mon parti pour préparer nos propositions budgétaires et fiscales pour 2012. Mon hésitation n'a pas été bien longue : je n'irai pas. Mon fils a eu la bonne idée de naître hors session ordinaire du Parlement : je ne "sècherai" pas de discussion de texte dans l'hémicycle. Mais si cela avait été le cas, j'aurais également suspendu mes activités pendant ces 11 jours (c'est purement symbolique et volontaire, puisque je n'ai pas à proprement parler d'employeur). Pendant les onze prochains jours, priorité à ma compagne, au bébé, et à la famille.
Dommage que tout cela s'organise uniquement sur la base du volontariat sans le moindre cadre légal et que le règlement de l'Assemblée ne prévoit rien pour ces cas, de même que pour les maladies qui nécessitent des absences d'une certaine durée. Depuis 2007, je me bats régulièrement pour que le statut des députés évolue, pour la fin des avantages spéciaux de toutes sortes, et notamment pour un alignement sur le régime général des salariés, qu'il s'agisse du régime de retraite, ou d'assurance chômage. Mon mot d'ordre a toujours été simple : ni au-dessus des lois, ni en dessous ! Et aujourd'hui, je me dis qu'outre les débats constitutionnels "classiques", la modernisation de la vie politique passera peut-être aussi par la prise en compte de ces questions - qui apparaissent nouvelles car elles ont été trop longtemps passées sous silence - afin de faire en sorte que les parlementaires mènent une vie la moins déconnectée possible de celle de Monsieur ou Madame Toutlemonde..."

écrire commentaire

Commentaires: 3

  • #1

    Gael Deguingand (jeudi, 15 septembre 2011 00:02)

    Bravo François !
    En tant que citoyen de ta circonscription, et par conséquent l'un de tes employeurs, tu as ma validation ! en plus de mes félicitations ! :-)
    Gaël

  • #2

    Clément Monique (jeudi, 15 septembre 2011 11:42)

    En tant que citoyenne de ta circonscription donc madame Toutlemonde, je félicite les deux nouveaux parents mais avec un petit plus pour la maman qui a tout de même un peu plus oeuvré! Et bravo pour le congé parental, à ne pas trop utiliser à l'étude de dossiers certes intéressants mais ce n'est pas le but. Félicitations et bon vent, bientôt automnal, au nouveau né.
    Monique

  • #3

    Danielle Melon (jeudi, 15 septembre 2011 14:39)

    Félicitations, François !
    Très bonne mesure ,en effet. Je m'en souviens...
    Les Directrices d'écoles maternelles ,invitées
    à l'Hotel de Ville, avaient félicité Ségolène
    Royal ,lors de son passage à Nantes.
    Danielle.

  • loading