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07

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2010

Mots croisés - printemps/été 2010

A l'occasion de la publication de l'édition printemps-été 2010 de son journal de circonscription - distribué dans les boîtes aux lettres à compter de vendredi prochain-, FDR revient sur la situation politique nationale, et annonce quelques initiatives sur le plan local. Interview.

Quelques semaines après les élections régionales, quelles leçons tirez-vous de ce scrutin ?


J'en retiens en premier lieu l'abstention considérable. Je ne veux pas faire parler les gens, et surtout pas ceux qui ont choisi de se taire. Mais ce phénomène n'est pas nouveau. Je pense depuis longtemps que l'abstention est directement liée au sentiment qui se développe dans certaines couches de la population selon lequel « la politique ne change rien ». Lorsque l'on voit les pics d'abstention dans les grands quartiers HLM – y compris à Nantes où l'abstention a parfois atteint 80 % des inscrits!- on peut se dire que l'absence de perspectives personnelles et d'espoir d'amélioration ne sont pas pas pour rien dans l'abstention. L'absence de résultats sur le front de la "fracture sociale" pourtant analysée et dénoncée depuis longtemps n'est pas pour rien dans cette démobilisation civique.

Et puis il y a eu celles et ceux qui se sont prononcés : dans cette élection régionale, les Françaises et les Français ont renouvelé leur confiance dans leurs présidents de région, et, dans le même temps, ont confirmé l'aspiration à une meilleure prise en compte de l'écologie dans les politiques publiques. Neuf mois après les élections européennes, cette aspiration
à plus d'écologie a été confirmée.

Mais il est tout aussi clair, qu'il y a eu un vote-sanction vis à vis du pouvoir en place au niveau national. Cette sanction est forte et à mon sens juste. Là aussi, c'est l'absence de résultats en matière d'emploi, de justice, de sécurité, d'amélioration de la qualité de vie qui est en cause. Les grands discours et les gesticulations médiatiques ne font plus illusion.
Nicolas Sarkozy ne peut plus échapper à la confrontation avec la réalité.


Dans la circonscription, quelle est la tendance ?


59 % des électeurs ont choisi au second tour la gauche et l'écologie rassemblées : c'est le plus haut résultat jamais atteint sur notre territoire. Ce haut niveau de confiance fait suite à un premier tour où, malgré une forte abstention, les listes de Jacques Auxiette et d'Europe Ecologie avaient obtenu plus de voix qu'en 2004.


Est-ce à dire que la stratégie des écologistes a payé ? Elle avait pourtant fait l'objet d'interrogations, voire de critiques...


On a voulu nous faire croire que l'affirmation de l'identité écologiste serait un facteur de division et d'affaiblissement de la gauche.
Ceux qui l'espéraient ou le dénonçaient en sont pour leurs frais; ceux qui le craignaient peuvent être rassurés.
La preuve est faite que l'écologie enrichit et élargit le spectre politique de l'opposition. Les idées et les valeurs qu'elle porte insufflent une dynamique nouvelle. Elles contribuent à faire renaître l'espoir raisonnable d'une alternance au plan national.
Il faut que cela se traduise dans l'organisation même de l'opposition, dans son projet comme dans ses choix stratégiques.


Mais justement, le projet d'alternance, où est-il ?


J'ai la conviction que s'opposer au sarkozysme ne suffit pas à dessiner un projet.
Il faut traiter, au fond, de ce qui nous différencie de la majorité au pouvoir, mais également imaginer ce que pourrait être une nouvelle politique.

Prenons l'exemple de la réforme territoriale : celle que nous propose le pouvoir est insupportable. Elle nie les avancées démocratiques de la décentralisation, tente d'organiser un véritable hold-up électoral, par une modification grossière du mode de scrutin, elle asphyxie financièrement les collectivités. Pour autant, le statu-quo est il acceptable ? Je ne le pense pas : il faut clarifier les compétences des différents échelons administratifs et en réduire le nombre pour les rendre plus efficaces, et dotés de pouvoirs plus importants et plus proches des citoyens. Bref, il ne suffit pas de s'opposer, il faut proposer.


Sur ces questions, il n'y a pas toujours unité de l'opposition ?


Je le constate au Parlement : avec nos partenaires socialistes, mais aussi avec d'autres, nous sommes unis pour nous opposer - et c'est indispensable !- , mais pas toujours, pas encore, pour proposer.
Pour y parvenir, chacun doit s'atteler à mettre au clair ses idées, et ses options. Ensuite nous les devrons les confronter, avec pour objectif d'aboutir à une plateforme de propositions communes.
D'une certaine manière, l'union façonnée par les électeurs ici, aux régionales, nous devons la reproduire au plan national.
Et en premier lieu, parce que je suis un militant écologiste, je crois qu'il faut que tous ceux qui se sont reconnus dans Europe Ecologie puissent former un nouveau rassemblement démocratique et porteur d'un vrai projet écolo.

A la place qui est la mienne, j'entends bien prendre des initiatives pour favoriser cette double dynamique d'affirmation de l'écologie et de construction d'un large rassemblement d'alternance.


Des initiatives au parlement ?

 

Oui : je co-préside avec le député socialiste Christophe Caresche un groupe d'action parlementaire sur l'écologie qui rassemble une quinzaine de députés, PS et Verts. Nous avions dans ce cadre travaillé sur la taxe carbone : le gouvernement aurait été bien inspiré d'écouter nos préconisations, qui visaient à à le rendre écologiquement plus efficace et socialement plus juste. Nous avions pointé l'injustice fiscale qui consistait à exonérer les industries les plus polluantes ! Ce groupe d'action parlementaire s'est saisi de ce qu'il restait du projet du Grenelle de l'environnement. Nous avons tenté d'y améliorer ce qui était  améliorable, via des amendements.

Et sur le terrain ?


Dans la circonscription, je compte mieux associer encore les citoyens au travail parlementaire.
Pour illustrer que ce qui se décide au parlement influe sur leurs vies quotidiennes.
Mais aussi parce que leurs expériences nourrissent mon action législative.
Dans les mois qui viennent, je serai, en leur nom, amené à me prononcer, à l'Assemblée, sur des questions fondamentales : l'avenir des retraites, le financement de notre protection sociale - et notamment la prise en charge de la dépendance liée à l'âge- l'indépendance menacée de la justice, la politique énergétique...
Sur toutes ces questions, j'aimerais créer des ateliers parlementaires de circonscription, où chacun pourra s'exprimer et enrichir la réflexion collective par son témoignage et le fruit de son expérience.

Quelle forme cela prendra-t-il ?

 

Cela reste à définir, mais je souhaite que l'on puisse impulser cette dynamique d'ici la rentrée. Cela pourra passer par une utilisation d'Internet pour favoriser les échanges et "débroussailler le terrain" des débats, comme nous l'avons fait sur l'éolien. En mettant les documents parlementaires eux-mêmes à la disposition directe des citoyens : études, rapports, projets ou propositions de loi... Mais rien ne remplacera jamais le contact direct :  nous organiserons donc des temps d'échanges, en petits comités comme en réunion publique.

 

Je souhaite y associer les habitants de la circonscription, qu'elles et ils aient des engagements politiques, syndicaux ou associatifs, mais également des citoyenne-s qui ont envie de participer, tout simplement.

 

S'il est des volontaires qui lisent ces propos, qu'elles et ils n'hésitent pas à se faire connaître : toutes les - bonnes - volontés seront les bienvenues. Nul ne sera de trop pour nourrir mon action parlementaire, et préparer, d'ici, l'alternance dont notre pays a besoin !

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Commentaires: 1

  • #1

    Pierre G. (mercredi, 09 juin 2010 10:16)

    Ca fait du bien de lire un tel article de fond après les échos pas toujours excitants de la convention nationale ! Rassurez-moi : il n'est pas indispensable d'être électeur dans votre circonscription pour participer à vos ateliers parlementaires ?

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