mar

12

oct

2010

Immigration, insécurité : le gouvernement joue avec le feu !

Après l'été des dérapages verbaux, l'automne des lois dangereuses...

 

La loi Besson sur l'immigration a provoqué une légitime levée de bouclier de femmes et d'hommes qui refusent que les valeurs de tolérance, que le droit d'asile, que l'égalité des citoyens devant la loi soient sacrifiés à de sordides calculs politiciens.

 

Initiée par des membres de la communauté paroissiale d'Orvault, une pétition de plusieurs centaines de signatures, auxquelles se sont jointes de nombreuses lettres de particuliers, a été adressée à FDR avant le vote de la loi.

 

Nous publions ici l'intégralité de la réponse du député.

Madame, Monsieur,


En signant une pétition, initiée par l’équipe paroissiale d’Orvault, vous m'avez fait part de votre émotion devant les mesures contenues dans le projet de loi gouvernemental relatif à l'immigration, actuellement en discussion au Parlement.

 

Vous relayez ainsi l'interpellation légitime de nombreuses autorités morales et spirituelles, au premier rang desquelles la conférence des évêques de France.

 

Au-delà même des engagements partisans et des croyances de chacune et de chacun, le sentiment d'incompréhension et de révolte monte devant une succession continuelle de mesures qui, petit à petit, viennent mettre à mal le socle de nos valeurs communes et nos principes républicains : le respect effectif du droit d'asile et de la vie en famille, la protection due aux plus faibles, le droit à procédures équitables et à assistance judiciaire, l'égalité des Français-e-s devant la loi, quelles que soient leurs origines personnelles...

 

Vous ne serez pas surpris de me compter parmi les opposants à la dérive du Président de la République et du gouvernement, qui stigmatisent volontairement certaines catégories de la population au prétexte de la lutte contre l’insécurité. Celle-ci, bien réelle pour beaucoup de nos concitoyens, souvent parmi les plus modestes, mérite mieux que l’outrance verbale et la provocation politique.

 

Ce projet de loi en est une illustration supplémentaire : les récents développements de l'actualité nous font craindre qu'il ne s'agira pas de la dernière.

 

Cette politique ne résout rien. Elle n'a aucun effet sur les dysfonctionnements auxquels elle est censée apporter réponses : l'insécurité, le chômage, la dérive des comptes sociaux, la désagrégation de nos solidarités... Face à ces maux, qui sont réels, cette politique n'est qu'affichage. Je plaiderai pour ma part résolument et inlassablement pour une approche rigoureuse et équilibrée de ces problèmes, notamment l’insécurité qui appelle des réponses de fond allant de la police à la Justice, en passant par l’éducation, la formation et l’emploi ou encore la rénovation urbaine et la lutte contre les inégalités.

 

Mais au delà des positions de principe, et du constat de l'inefficacité patente de ces pratiques, je veux vous adresser un message plus personnel, pour vous dire à quel point il est difficile, pour un membre de la représentation nationale, même dans l'opposition, de porter le poids de cette dérive insupportable vis-à-vis de certains de nos concitoyens mais aussi vis-à-vis de nos partenaires de l’Union européenne.

 

Les mesures successives que la majorité parlementaire a dû adopter, sous la contrainte du gouvernement et de son aile la plus conservatrice, consistent à faire porter la charge de nos propres insuffisances sur des populations fragiles et le plus souvent victimes d'un mode de développement qu'elles ont subi et non choisi.

 

Au-delà de ces effets purement médiatiques déjà détestables, cette logique est  porteuse de conséquences directes sur la vie quotidienne de femmes, d'hommes et d'enfants pour qui la France représente un espoir, et une promesse de liberté et de solidarité.

 

Au sein de la majorité, je sais que de nombreux collègues députés éprouvent un malaise croissant .

 

Pour ma part et avec constance, je n'ai voté aucune des mesures que le gouvernement a imposées au cours de ces trois dernières années, qui peuvent conduire à une négation des droits de la personne, à une déshumanisation de notre société et finissent par jeter l'opprobre sur notre pays .

 

Un ancien Premier ministre, dont je ne partage par ailleurs pas les orientations politiques, Dominique de Villepin, a parlé récemment de "tâche sur notre drapeau". Je souscris malheureusement à ce jugement sévère. Alain Juppé et Jean-Pierre Raffarin, également anciens Premiers ministres, se sont également exprimés récemment pour dénoncer cette dérive.

 

Lors des débats parlementaires, qui sont souvent vifs sur ces sujets, les promoteurs de cette politique, qui va à l'encontre des valeurs qui fondent notre pacte républicain, prétendent en permanence qu'ils mettent ainsi en actes la "volonté profonde des Français".

 

Par votre témoignage, vous prouvez que cette vision de la France et de son peuple est erronée et basée sur un calcul politique indigne de notre pays.

 

Votre exigence humanitaire et spirituelle sonne comme un désaveu salutaire de la logique de stigmatisation permanente de l'étranger, et de recherche de boucs-émissaires qui caractérise l'action gouvernementale à travers le projet de loi d'Eric Besson.

 

Mais j'y vois également un encouragement à ne pas lâcher la proie des valeurs et du respect de l'Homme pour l'ombre de quelques facilités démagogiques et électoralistes.

 

Je voulais, très sincèrement, vous remercier pour votre message, et vous confirmer que je voterai contre ce projet de loi.
Bien à vous,

François DE RUGY

N.B. A l’heure où je vous envoie ce courrier, les résultats du vote à l’Assemblée nationale sont connus : l’ensemble des députés de gauche et écologistes ont voté contre le projet de « loi Besson ». 12 députés UMP ont voté contre, tout comme 2 députés du Nouveau Centre et 4 non-inscrits, parmi lesquels François Bayrou. L’ensemble des 4 députés UMP et Nouveau Centre de Loire-Atlantique ont voté pour ce projet de loi.

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