ven

25

mar

2011

L'humanité a droit à la vérité sur le nucléaire

Dans une tribune publiée dans Le Monde, François de Rugy, Yannick Jadot, Jean-Luc Benhamias et Guy Hascoët en appellent à la sortie immédiate du silence et de l'opacité sur le nucléaire.

>> lire la tribune

Dès les premiers pas du nucléaire et les explosions sur Hiroshima et Nagasaki, les "autorités" nucléaires ont cherché à organiser un monde clos où elles seraient juges et parties.

A la fin de la seconde guerre mondiale, lors de la création de l'Organisation des Nations unies, les vainqueurs (Royaume-Uni, Etats-Unis et URSS – la France absente à Yalta étant momentanément disqualifiée) ont accepté pour des raisons de tensions géopolitiques et de guerre froide, l'idée d'ôter à l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la compétence en matière sanitaire nucléaire. Ainsi une convention lie deux organismes : l'OMS et l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), et stipule que l'OMS se reconnaît incompétente dès lors qu'il s'agit de problèmes sanitaires liés à des radiations nucléaires, que l'origine en soit civile ou militaire.

Depuis vingt-cinq ans, toutes celles et tous ceux qui, convaincus du danger nucléaire, suivent les sinistres conséquences de Tchernobyl voient s'organiser le mensonge, l'occultation des faits, la dénégation de la réalité pour protéger la filière nucléaire quel qu'en soit le prix. De quelques morts à quelques milliers de morts – on parle de vingt-cinq mille morts aujourd'hui – les chiffres officiels des conséquences de l'accident ont toujours été minimisés.

Pour colmater la centrale et construire l'enceinte de confinement en béton, il a fallu sacrifier quelques six cent mille hommes, militaires, pompiers, travailleurs du nucléaire, ne pouvant circuler sur le chantier que quelques minutes, souvent fatales. Par manque de transparence démocratique, le suivi du destin des ces liquidateurs n'a pas été facilité par la disparition de l'URSS et par la nature des régimes autoritaires, pour ne pas dire dictatoriaux, comme la Biélorussie.

Néanmoins, dans la perspective de défendre leurs droits, leur indemnisation et leur prise en charge sanitaire, les liquidateurs se sont constitués en associations dans chaque territoire de l'empire soviétique d'où ils étaient originaires. Mille, deux mille membres dans chaque grande ville, voilà les adhérents des premiers temps que comptait chaque association locale. Beaucoup de ces héros sont morts et dans certaines villes les associations comptent plus de veuves que de membres ; les survivants sont atteints de très nombreux problèmes de santé du fait de l'effondrement ou de l'extrême fragilisation de leur système immunitaire. Pourtant, leur sort, a été caché, au nom de la filière…

Jamais en vingt-cinq ans nous n'aurons eu une idée concrète des niveaux de radiation effectifs, des conséquences sanitaires concrètes pour les populations, si ce n'est des bribes, par nos contacts directs, par nos échanges avec les associations qui gèrent l'accueil des victimes, car l'AIEA s'est bien gardée de proposer un quelconque dispositif de suivi.

"Les gens sérieux sont pour le nucléaire", entend-on communément dire. Comment expliquer que ces gens sérieux sont ceux qui, de manière absurde, nous font courir le risque de devoir quitter un jour leur pays devenu inhabitable ? C'est bien ce qui se passe au Japon


OCCULTATION DE LA VÉRITÉ

 

Aujourd'hui, la situation au Japon nécessite un dispositif de suivi mondial, enfin transparent. Nous avions craint l'hypothèse des millions d'urbains piégés dans une zone irradiée et indéménageable. Et déjà des voix en provenance des organismes en partie liées à la filière, nous expliquent que les niveaux de radiation seraient "acceptables", alors même que nous ne savons ni leur niveau actuel – à moins qu'ils ne nous les cachent – et encore moins les évolutions à venir.

Nous y sommes. Organiser la vérité suppose dans un premier temps d'ôter à l'AIEA, ce droit à occultation de la vérité. Il y aura un avant et un après Fukushima. Le débat n'est plus "faut-il sortir du nucléaire ?", le débat est désormais "comment le fait-on et à quel rythme ?"

On parle d'économie, de finances…, mais ceux-là même qui disaient ce type de catastrophe impossible, vont-ils nous expliquer comment évacuer des millions d'habitants ? Ceux-là vont-ils nous dire quelle économie va demeurer si la zone est radioactive ?

Les impacts sanitaires et socio-économiques qui s'annoncent vont déjouer toutes les prévisions. L'humanité doit se protéger. Et si indécence il y a ces jours-ci, c'est bien l'indécence de celles et ceux qui veulent travestir la réalité, à tout prix. La première chose que tout responsable politique vraiment sérieux doit revendiquer, est la mise en place juridique et concrète d'un dispositif international, organisant le droit à la vérité sur le nucléaire et sur tous les risques que la filière fait encourir à l'humanité.

écrire commentaire

Commentaires: 1

  • #1

    le journal de personne (dimanche, 27 mars 2011 17:54)

    Le séisme des cœurs

    Je vous parle de fraternité
    Et vous me renvoyez à la dure réalité
    Aux plaques tectoniques
    de notre écorce cérébrale…
    Aux tremblements des peurs
    Et au déferlement des pleurs
    Et la terre continue de trembler et de nous faire trembler…
    Et un beau jour… ou peut-être une nuit… on décide de ne plus trembler… et on se met à bouger…
    à prendre le large au lieu de subir les vagues successives de cette nature imbécile…
    Oui…oui on ne peut pas changer les lois de la science physique mais on peut changer de politique…
    parce que là, il ne s’agit plus de science mais de conscience…
    cette petite flamme qui tremble et qu’aucun vent ne peut éteindre…
    ma conscience politique… qui voudrait avant de mourir assister à l’éveil d’une autre conscience…
    d’autres consciences, à une sorte d’effervescence… vive la révolution des consciences.

    http://www.lejournaldepersonne.com/2011/03/seisme/

  • loading