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2011

François Fillon, ou la politique à court terme

François de Rugy réagit aux propos tenus par le Premier Ministre, François Fillon, lors de sa conférence de presse du mercredi 24 août 2011. Face à ce plan d'austérité annoncé par Matignon, FDR dénonce un "bricolage budgétaire" qui annonce le "dépôt de bilan de la politique budgétaire et financière suivie depuis 2007".

 

 

>> retrouvez sa réaction ici.

L'exercice de bricolage budgétaire improvisé par le premier ministre s'assimile au dépôt de bilan de la politique qu'il a suivie depuis 2007.


Le gouvernement est forcé de reconnaître que les prévisions de croissance encore confirmées par le ministre de l'Economie il y a encore une semaine ne tiennent pas la route et que les multiples mesures de défiscalisation accordées aux plus aisés des contribuables, associées à des choix d'investissement hasardeux, ont conduit les finances publiques à un niveau d'endettement insupportable.


Le plus inquiétant dans cette communication gouvernementale confuse est qu'elle illustre une absence totale de stratégie financière et de cap économique.


Pour combler le déficit dont il est le principal responsable, le pouvoir use d' expédients éculés  - la taxation du tabac, de l'alcool ou des sodas- ou de mesures anecdotiques, comme le relèvement de la TVA sur les parcs de loisirs !


S'il se résout enfin à aborder la question de la différence de taxation entre les revenus du capital et ceux du travail, les conséquences qu'il en tire demeurent très en deçà de ce que la situation devrait imposer : la hausse annoncée des prélèvements sociaux des revenus du capital demeure homéopathique, et l'inégalité flagrante demeure, au détriment des salariés.


La taxation, annoncée comme "exceptionnelle" des plus hauts revenus sonne comme une véritable provocation : les 200 millions qu'elle est censée rapporter sont loin de compenser les effets de l'accumulation des cadeaux fiscaux démagogiques réalisée au cours des dernières années - bouclier fiscal abandonné au profit d'un impôt de solidarité sur la fortune raboté,  TVA sur la restauration, etc.


Le "coup de rabot" annoncé sur les niches fiscales, par son caractère général, ne permet pas de faire le tri entre mesures réellement utiles à l'emploi, à la solidarité et à l'environnement et mesures de circonstances accordées dans une logique clientéliste.


Côté investissements, la même absence de cap se traduit par une approche purement comptable de la réalité, sans choix clairs et cohérents : aucune remise en cause des priorités budgétaires de l'Etat, rien sur l'abandon de projets d'infrastructures pharaoniques d'un autre âge, comme le sont l'EPR ou ITER - dont la dérive financière le dispute à l'absence de maîtrise technologique- ou encore le projet d'aéroport inutile de Notre-Dame-des-Landes. Tout indique que ce seront encore une fois les services publics les plus fragilisés ces dernières années  qui feront les frais de ce refus de choix clairs et structurants.


Au final, le premier ministre donne le sentiment d'être un conducteur sur route verglacée, qui donnerait un brutal coup de frein - ce qui est toujours extrêmement risqué- , sans jamais se poser la question de la pertinence de sa destination.


A un problème structurel, ce sont des réponses conjoncturelles sans cohérence qui sont proposées.


Pour les écologistes, c'est l'ensemble de la politique budgétaire et financière qu'il convient désormais redéfinir : en mettant en œuvre une vraie réforme fiscale qui fusionne la CSG et l'impôt sur le revenu et protège les classes moyennes, en taxant de manière strictement identique les revenus du  capital et ceux du travail, et en mettant en place une fiscalité réellement écologique, qui annule les niches fiscales défavorables à l'environnement et qui mette en place de vraies incitations à la transformation écologique de l'économie et des modes de vie.


Dans les débats parlementaires à venir, les député(e)s écologistes préciseront ces propositions, et formuleront des solutions structurelles concrètes, qui dépassent ce plan de circonstance, calibré pour permettre à un président finissant de tenir jusqu'à la fin de son mandat, mais qui ne prépare en rien l'avenir.

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