En avançant un montant inférieur à 30 milliards d’euros, le Premier ministre reconnaît, de fait, que sa gestion des finances publiques, qui a produit un gros déficit, le contraint à limiter ses ambitions …à un petit emprunt.

 

Une simple remise en cause des fondamentaux de sa politique fiscale, injuste et inefficace – et notamment du bouclier fiscal et des niches inutiles et coûteuses pour le budget de l’Etat – aurait pu permettre de dégager ces sommes sans augmenter encore une fois un déficit public déjà considérable.

 

En envisageant de limiter aux opérateurs financiers la collecte de l’emprunt– et en en excluant donc les particuliers -, François Fillon ravale l’opération à un simple collectif budgétaire, financé selon des méthodes classiques.

 

Pour ce qui est de l’usage de cet emprunt, le premier ministre a indiqué qu’il était à son sens hors de question de la consacrer à la réalisation d’infrastructures, et en a exclu expressément des projets comme celui du nouvel aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Il a estimé que les dépenses devraient représenter des « investissements d’avenir » non budgétés jusqu’ici. Chacun appréciera la précision de cette information…

 

Les Verts ont rappelé au premier ministre leur attachement à une logique de sobriété budgétaire, afin de ne pas faire reposer sur les générations futures les errements de la gestion gouvernementale en matière de finances publiques.

 

Ils ont réitéré leur souhait de voir examinées ces questions dans un cadre européen : si un consensus semble se faire pour estimer que, seule, une politique d’investissements massifs dans la nécessaire transformation écologique de l’économie est susceptible de générer les emplois durables et non délocalisables qui nous font aujourd’hui défaut, c’est à l’échelle de l’Europe qu’il convient d’agir.

 

Au final, le premier ministre donne le sentiment de n’être ni à l’origine de l’idée, ni véritablement décisionnaire.

 

Cet emprunt supplémentaire, qui n’a de grand que le nom, semble clairement piloté depuis l’Elysée, dans une optique qui s’apparente plus à une opération de communication qu’à une vraie ambition industrielle pour notre pays. »