François de Rugy, député écologiste de Loire-Atlantique, demande, dans une question écrite, à Frédéric Mitterrand de s'exprimer sur les "dérapages dégradants" d'un programme qui semble inspiré d'une "exposition coloniale". Il adresse également un courrier au président du CSA en demandant que "le diffuseur soit rappelé à ses obligations", notamment en matière de "respect de la dignité de la personne humaine".
" Force est de constater que cette émission, tant dans son concept que dans sa scénographie, s'inspire dangereusement des ressorts des expositions coloniales d'antan:
• reconstitutions aussi spectaculaires qu'artificielles d'environnements naturels hostiles et de pseudos villages traditionnels,
• mise en situation "'d'autochtones" via un groupe folklorique dansant devant l'entrée d'une "réserve" et jouant ainsi le même rôle, dans la mise en scène, que les animaux
sauvages filmés à quelques mètres de là,
• diffusion de poncifs éculés...
N'a-t-on pas entendu un animateur raconter qu'un chef de village lui aurait proposé "d'épouser sa fille contre quelques vaches" ?
Le cahier des charges liant TF1 au Conseil Supérieur de l'Audiovisuel indique que "la société s'engage à ce qu'aucune émission qu'elle diffuse ne porte atteinte à la dignité de la personne
humaine".
Ce concept, qui a désormais valeur constitutionnelle en France, ne connaît certes pas de définition précise et incontestable.
Il paraît toutefois communément admis que la dignité de la personne humaine suppose que l'homme soit reconnu comme un sujet et ne soit pas traité comme un simple moyen, réduit à des clichés
aussi dégradants pour ceux qui en sont victimes que pour celles et ceux qui en sont spectateurs.
A l'évidence, sous couvert de divertissement, et sans qu'il soit d'ailleurs établi qu'il s'agisse d'une volonté de ses producteurs, ce programme connaît des dérapages qui contreviennent aux
obligations imposées au diffuseur.
FDR demande au ministre de "faire connaître son avis, et celui du gouvernement, sur cette affaire désolante", et lui demande si il "entend saisir le CSA, afin que le diffuseur soit rappelé à ses
obligations".